Jean-Philippe: Hello... J'ai de la peine à cerner ce qui peut t'attirer dans le concept de l'église émergeante... Je ne formule pas un jugement mais une incompréhension... L'église parfaite n'existe pas sur terre. L'ouverture est bonne et importante mais elle s'arrête là où le compromis commence ( c'est mon avis perso, à chaud, sans avoir étudié la mouvance en profondeur) ...
Sherpah: L'Eglise émergente, selon ses "défenseurs", est celle qui tente de prendre en compte le changement de paradigme de la postmodernité. Elle ne postule pas que ce sera une ère supérieure à la précédente – l'ère moderne dont on est pas encore sorti – pas plus qu'on ne pourrait dire que le Moyen Age aurait été supérieur à l'Antiquité. Chaque période de l'histoire est évidemment frappée du sceau de la chute et doit trouver le salut en Jésus-Christ.
Jean-Philippe: Oui mais ce que je pu lire me paraît loin de ma conception de la foi. Pour moi la Bible est la parole de Dieu et la référence sur terre.
Dans ce contexte, je ne peux pas me lancer dans du syncrétisme chrétien en reniant la parole de Dieu pour fermer les yeux sur les doctrines non bibliques provenants du paganisme ou des traditions ancestrales (culte des saints, prier des icônes...)... Mais je ne sais pas si mes sources sont bonnes...
Sherpah: C'est étonnant de débattre avec un frère que je connais à peine de choses que j'ai tant de peine à évoquer avec des personnes proches! Qu'as-tu lu? L'interview de McLaren que j'ai mise en lien j'imagine? Sans vouloir relativiser la Bible, je ne peux la traiter comme étant synonyme de la Parole de Dieu, celle-ci étant le Verbe, Christ. Depuis là, les croyants de toutes les époques sont au bénéfice d'une compréhension différente de la Bible selon leurs enjeux et leurs milieux. Il y a une humilité à avoir face aux autres détenteurs de la révélation, qui nous pousse justement à ne pas nous en sentir si détenteur que cela. Cela ouvre un espace aux non croyants, le fait que les croyants confessent les zones d'ombre de la Bible, de Dieu même. Par exemple, y a-t-il une réponse satisfaisante à la question de la souffrance? Je ne le pense pas. Les émergents en ont soupé du trop-plein d'assurances offertes par une certaine vision de la Bible - la théologie évangélique saute, sans s'en rendre compte, tout comme comme les autres Eglises, pas mal d'éléments de la Bible qui vont carrément à l'envers de leurs convictions. Les émergents, je te l'accorde, font dans l'expérimental pas toujours très maîtrisé. Je pense qu'après mon humble réponse, il te reste au moins autant de questions qu'avant! C'est aussi mon cas! L'Esprit de Dieu nous guide, bien heureusement!
Jean-Philippe: Jésus est la parole, il est le rocher des âges... Oh oui! Que veux-tu dire par "ouvre un espace aux non croyants" ? Je serais curieux de savoir à quoi tu penses quand tu écris que les évangéliques sautent des éléments de la bible? En çe qui concerne la souffrance, il est sur que des interrogations persistent, mais bien souvent souvent j'ai observé que Dieu la permettait pour que l'homme regarde à lui et moins au monde terrestre....
Sherpah: Disons que nous avons de la peine à faire cohabiter des incohérences. Par exemple, le salut. En dispose celui qui a fait un choix personnel en faveur de Christ, cela joue avec la majorité des textes: «si tu crois dans ton coeur... tu seras sauvé». Mais on est ennuyé avec l'idée du salut pour ceux qui ne sont pas au courant: «j'étais nu et vous m'avez vêtu, j'avais soif...» Ouvrir des espaces aux non-croyants, c'est justement cheminer avec nos propres questions non résolues sur la Bible. Plus que cela, c'est les inviter à trouver Dieu déjà présent en eux, après tout le Saint-Esprit bosse à notre insu. Ces gens ont été baptisés, ont été le sujet de prières aussi. Pour revenir aux évangéliques, je dirais que nous avons bétonné la vérité. Elle est devenue un point fixe, or, les paradoxes bibliques le montrent, elle est en mouvement. Mais je n'irais pas jusqu'à dire que tout est vrai comme son contraire non plus!
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